Les Niveaux de BIM : Comprendre la Maturité de la Modélisation des Informations du Bâtiment
Le BIM (Building Information Modeling ou Modélisation des Informations du Bâtiment) est un processus collaboratif qui permet la création et la gestion d’une maquette numérique d’un bâtiment ou d’une infrastructure. Cette maquette contient des informations géométriques, techniques, environnementales et économiques tout au long du cycle de vie de l’ouvrage, de la conception à la démolition. Pour évaluer le degré d’adoption et d’utilisation du BIM, on parle de « niveaux de BIM » ou « niveaux de maturité du BIM ». Ces niveaux, allant de 0 à 3, permettent de classifier la complexité et le niveau de collaboration des projets BIM. Il est important de noter que ces niveaux ne sont pas une fin en soi, mais plutôt des étapes vers une collaboration BIM optimale.
Il est crucial de distinguer deux notions souvent confondues :
- Niveaux de BIM (0 à 3) : Ils décrivent le niveau de collaboration et d’échange d’informations entre les différents acteurs d’un projet.
- Dimensions du BIM (3D, 4D, 5D, etc.) : Elles représentent les types d’informations intégrées à la maquette numérique (géométrie, temps, coûts, etc.).
Les Niveaux de BIM (de 0 à 3) :
Ces niveaux illustrent une progression vers une collaboration BIM plus aboutie :
- BIM Niveau 0 : CAO 2D (Dessin Assisté par Ordinateur)
- Il s’agit du niveau le plus bas, où l’on utilise uniquement des outils de CAO 2D pour produire des dessins techniques (plans, coupes, élévations).
- Collaboration : Quasi inexistante. Les informations sont échangées sous forme de fichiers DWG ou PDF, sans réelle interopérabilité.
- Avantages : Familiarité des outils pour de nombreux professionnels.
- Inconvénients : Risques d’erreurs et d’incohérences entre les différents documents, difficultés de coordination entre les corps de métier, absence de gestion du cycle de vie du bâtiment.
- BIM Niveau 1 : CAO 2D et 3D (Modélisation 3D sans collaboration)
- Ce niveau marque l’introduction de la modélisation 3D, mais sans réelle collaboration entre les acteurs. Chaque discipline crée son propre modèle 3D, souvent sans standardisation ni échange structuré d’informations.
- Collaboration : Limitée. Les échanges se font encore principalement par des fichiers 2D, avec parfois des échanges de modèles 3D au format natif, ce qui pose des problèmes de compatibilité.
- Avantages : Visualisation 3D du projet, meilleure compréhension des espaces et des volumes.
- Inconvénients : Risques de conflits entre les modèles des différentes disciplines, absence de gestion centralisée des informations.
- BIM Niveau 2 : BIM collaboratif (Échange d’informations)
- Ce niveau représente un véritable pas vers le BIM collaboratif. Les informations sont échangées entre les différents acteurs du projet à l’aide de formats de fichiers ouverts et interopérables (comme l’IFC – Industry Foundation Classes). Chaque discipline peut travailler sur son propre modèle, mais les informations sont centralisées et coordonnées.
- Collaboration : Importante. Les acteurs partagent et coordonnent les informations via une plateforme d’échange commune (CDE – Common Data Environment).
- Avantages : Amélioration de la coordination entre les corps de métier, réduction des erreurs et des conflits, meilleure gestion des coûts et des délais.
- Inconvénients : Nécessite une standardisation des processus et une formation des équipes à l’utilisation des outils et des formats d’échange.
- BIM Niveau 3 : BIM intégré (Intégration complète)
- Ce niveau représente l’aboutissement du BIM collaboratif. Toutes les informations du projet sont intégrées dans un modèle unique et partagé par tous les acteurs, tout au long du cycle de vie du bâtiment. L’interopérabilité est totale et les processus sont optimisés.
- Collaboration : Optimale. Tous les acteurs travaillent sur une plateforme unique et partagent les informations en temps réel.
- Avantages : Optimisation de tous les aspects du projet, de la conception à l’exploitation et à la maintenance, amélioration de la performance énergétique, réduction des coûts et des délais, meilleure gestion du cycle de vie du bâtiment.
- Inconvénients : Nécessite une infrastructure technologique performante, une standardisation poussée des processus et une forte implication de tous les acteurs. Ce niveau est encore en développement et peu de projets l’atteignent pleinement.
Les Dimensions du BIM (au-delà des niveaux) :
En complément des niveaux de BIM, les dimensions du BIM décrivent les types d’informations intégrées dans la maquette numérique :
- 3D : Modèle géométrique tridimensionnel.
- 4D : Intégration de la dimension temporelle (planning des travaux).
- 5D : Intégration des coûts (estimation, suivi budgétaire).
- 6D : Intégration des aspects environnementaux et de la performance énergétique.
- 7D : Gestion de l’exploitation et de la maintenance du bâtiment (Facility Management).
En conclusion :
Les niveaux de BIM permettent de mesurer la maturité d’une organisation ou d’un projet en matière de BIM. Ils représentent une feuille de route pour atteindre une collaboration optimale et tirer pleinement parti des avantages de la modélisation des informations du bâtiment. Il est important de comprendre que l’atteinte du niveau 3 est un objectif à long terme qui nécessite une transformation profonde des pratiques et une forte implication de tous les acteurs du secteur de la construction. L’accent est mis aujourd’hui sur le niveau 2, qui offre déjà des bénéfices significatifs en termes de collaboration et d’efficacité.